Le cancer du testicule

Le cancer du testicule, bien que représentant seulement 1 à 2% de l'ensemble des cancers, demeure le cancer le plus fréquent chez les hommes âgés de 15 à 35 ans, avec un pic de fréquence autour de 30 ans.

En 2022, la France a enregistré environ 2 800 nouveaux cas. Malgré une augmentation constante des cas depuis le milieu du 20e siècle, le taux de mortalité a diminué grâce aux avancées thérapeutiques.
Avec une survie de 98% pour les formes localisées, la détection précoce est cruciale, souvent réalisée par l'auto-palpation. Le Grand-Est affiche un taux d'incidence 17% supérieur à la moyenne nationale, le classant en 2ème position des régions les plus touchées.
(Source : SNDS 2023)

A noter qu’en 2022 le nombre de cas dans la région Grand-Est était de 1 806 personnes suivies pour cette pathologie.

Rappel anatomique :

Les testicules, situés dans une poche externe appelée scrotum, sont des glandes sexuelles responsables de la production des spermatozoïdes et de la sécrétion des hormones sexuelles mâles, dont la testostérone. Mesurant entre 4 et 6 cm et pesant environ 20g, chaque testicule joue un rôle crucial fondamental dans la reproduction masculine.

 

Signes précurseurs et symptômes :

Les signes d'alerte comprennent :

  • La détection d'une masse dans l'un des testicules
  • Une sensation de lourdeur
  • Un changement de taille ou de forme
  • Des douleurs ou gênes testiculaires.

D’autres signes plus rares sont à prendre en compte :

  • Des douleurs dans le bas ventre ou à l'aine
  • Une sensibilité au niveau des tissus mammaires.

Facteurs de risque :

Le nombre de cas est relativement peu élevé par rapport à d’autres pathologies. Les chercheurs ont relativement peu de données sur les facteurs de risques avérés ou suspectés. Néanmoins les facteurs de risque à apprendre en considération sont les suivants :

  • La cryptorchidie;  c'est le facteur de risque le mieux évalué dans cette pathologie. La cryptorchidie correspond à la non-descente des testicules dans les bourses à la naissance. Chez les jeunes hommes dont les testicules ne sont pas descendus avant l'âge de 6 ans le risque de développer un cancer des testicules serait multiplié par 35. Toutefois, ce chiffre est à relativiser lorsque l'on sait que seulement 6% des cancers du testicule surviennent chez les hommes ayant été atteints de cette anomalie.

  • Le cancer du testicule controlatéral: une personne touchée par ce cancer présente un risque d'une tumeur de se développer sur l'autre testicule. Le risque de récidive est de 2 à 3% durant les 15 à 25 ans qui suivent le traitement. C'est pour cela qu'une surveillance active et mise en place à la fin des traitements.

  • Les antécédents familiaux; avoir un frère ou un père ayant été atteint par cette pathologie augmente le risque de développer cette maladie. Pour autant le caractère héréditaire n'a pas été réellement établi. Cela représente entre 1,2 et 3,5% des cas selon les études.

  • L'atrophie testiculaire: de la diminution de la taille du testicule qui résulte en particulier des oreillons ou d'un traumatisme.

  • La consommation de cannabis: des études indiquent un lien entre la consommation de cannabis et le risque accru de cancer du testicule

  • Le risque environnemental:  comme le nombre de cas a doublé ces 40 dernières années en Europe les médecins et chercheurs se penchent sur les polluants chimiques. De nombreuses études sont en cours pour évaluer leurs effets. Des pesticides ou encore les perturbateurs endocriniens sont suspectés d'avoir un impact sur le développement des organes génitaux dès la vie intra-utérine.

Prévention :

Il n'existe pas de campagne de prévention sur cette pathologie, la seule chose à faire est la mise en avant de la sensibilisation et surtout l'éducation à l'auto-palpation. Savoir examiner ses testicules, connaître son corps pour reconnaître ce qui est normal ou non au toucher. L'examen régulier de ses testicules permet de bien les connaître, que ce soit au niveau de leur aspect, de leur taille et de leur forme, et cela aide à détecter tout changement.

Pour une auto-palpation efficace, l'idéal est à la sortie de la douche, car la chaleur de l'eau détend le scrotum. Devant le miroir, observez vos testicules l'un après l'autre, puis faites-les rouler entre votre pouce et votre index, l'un après l'autre, pour constater s'il y a des irrégularités ou une petite masse.

Dans la plupart des cas, une tumeur testiculaire n'est pas douloureuse. Consultez donc rapidement votre médecin traitant si vous constatez une anomalie à l'auto-palpation. Pour en savoir plus sur l'auto-palpation, nous vous invitons à visionner cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=oajq6qT52Bo&t=4s

Diagnostic:

Lors de la consultation avec votre médecin traitant, celui-ci pratiquera une palpation et cherchera à identifier d'éventuels facteurs de risque. Il vous orientera, vers un médecin spécialiste, à savoir l’urologue.

L'urologue vous prescrira une échographie scrotale ainsi qu'un bilan sanguin comprenant le dosage de différents marqueurs tumoraux tels que l'alpha-foetoprotéine, les hCG totales et la LDH. Ceci vise à écarter ou confirmer la suspicion d'un cancer.

En cas de suspicion avérée d'un cancer, l'urologue proposera d'entamer une procédure chirurgicale visant à ôter le testicule touché, appelée orchidectomie.

La conservation du sperme :

Par mesure de précaution les médecins proposent de réaliser une conservation de sperme dans un centre spécialisé (CECOS) avant le début de traitement afin de préserver la fertilité.

Le seul CECOS de Lorraine est situé à la Maternité de NANCY. 

Pour en savoir plus sur les CECOS : bientôt un article ici 

Traitement :

Les traitements varient en fonction du type et du stade du cancer. L'efficacité des traitements du cancer du testicule explique le très bon pronostic de cette pathologie, même dans des cas métastatiques. La première étape du traitement est l'intervention chirurgicale avec l'orchidectomie, visant à retirer le testicule touché par la tumeur. Sur proposition du chirurgien, il est également suggéré de poser une prothèse dans le même temps opératoire.

 

À la suite de cette intervention chirurgicale, un examen anatomopathologique permet de poser réellement le diagnostic, d'évaluer le stade de la maladie et le type histologique* de la tumeur. C'est une étape primordiale dans le choix du traitement. Si nécessaire, un bilan d'extension peut être prescrit avec un scanner thoraco-abdomino-pelvien afin de visualiser d'éventuelles métastases se propageant à d'autres parties de l'organisme.

 

Le choix des traitements est personnalisé et adapté à chaque situation. Plusieurs médecins de spécialités différentes se réunissent en réunion de concertation pluridisciplinaire, appelée la RCP, afin de discuter des meilleures solutions de traitement possibles selon les cas. Un traitement par chimiothérapie, radiothérapie ou encore un curage ganglionnaire peut être nécessaire, seul ou en association. Dans certains cas, une surveillance active peut être mise en place juste après l'ablation du testicule. Voici de manière schématique le parcours de soins proposé par l’HAS en fonction du type de tumeur.

Source : Guide ALD 30 HAS/ Service maladies chroniques et dispositifs d’accompagnement des malades/ INCa / Département des recommandations pour les professionnels de santé / Mai 2011.

 

Accompagnement et soins de supports :

La prise en charge globale d'un cancer comprend également tous les soins de support et soutien dont vous pourriez avoir besoin dès le diagnostic, pendant et après les traitements. Cela inclut le soutien psychologique, social, la gestion de la douleur, l'accompagnement de l'arrêt du tabac, l'aide à la pratique d'une activité physique adaptée, et le suivi nutritionnel pour dépister ou traiter une dénutrition.

Conclusion :

Bien que rare, le cancer du testicule touche une population jeune. La sensibilisation, l'éducation à l'auto-palpation, et le référencement des ressources locales sont cruciales pour briser les tabous, favoriser un dépistage précoce, et soutenir la réintégration sociale et scolaire après le cancer.



Article réalisé avec la participation de Dr Sébastien LAKOMSKI.